Tic tac…tic tac… Ce bruit insupportable, digne du supplice chinois me trotte dans la tête depuis un bout de temps, combien exactement je ne sais pas. Dégoûté d'avoir si peu dormit, je jette un rapide coup d’œil à ma montre qui m’indique qu’il est 5 heure du matin. Cela fait un petit moment que je suis à Saint-Pétersbourg, et je n’arrive pas à dormir. Je pensais qu’en changeant d’air, en allant en province, j’arriverai à oublier mes problèmes d’insomnies, mais il n’en est rien ! Je ne dors plus que 3 ou 4 heures par nuit. 5 si j’ai de la chance et il est de plus en plus difficile de supporter ça. C’est comme vivre dans un avion qui ne cesse de voler, j’encaisse les décalages horaires sans pouvoir rien faire. Évidemment les médecins pourraient me prescrire des somnifères, mais ce n’est pas mon truc les drogues. Et puis je préfère attendre et trouver des moyens plus naturels de me relaxer, du yoga, de la méditation, du sport. N’importe quoi ! Mais il va vite falloir que je trouve quelque chose, car si je suis ici c’est bien pour trouver le Barillet Fou, alias Roulette Russe pour les médias et les autres gens de cette brave ville, et de ce brave pays. Comme je le disais donc, je dois régler mon insomnie, sinon RR sera sur et certains d’être tranquille et de pouvoir continuer en toute impunité si des zombies comme moi le recherche. Et je n’imagine même pas si c’est lui qui me tombe dessus ! La je serait complètement incapable de me défendre !

Bref, j’ai assez perdu de temps, il faut que je me secoue, j’ai une traque à mener à bien. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je suis debout, j’en profite pour me faire un bon petit déjeuner bien calorique, avec des saucisses, une omelette, enfin des trucs qui tiennent au corps quoi ! Car la journée risque d’être longue. Ensuite je finis de me préparer en me douchant et m’habillant. Le bureau local du FSB m’a gentiment prêté une voiture, noire bien sure, grosse cylindré évidemment, vitre teinté je n’ai pas besoin de le préciser. Comme quoi il n’y a pas qu’à Moscou que les paranos règnent. Après tout qui irait tirer sur un agent du FSB ? Quelqu’un qui veut qu’on l’aide à mourir dans d’atroce souffrance ? C’est bien possible !

Me voici donc en tenue du parfait homme de main du FSB, costume noir, cravate rouge, pardessus noir, gant en cuir noir. Bref, l’archétype. Mais parfois les stéréotypes ont du bon, ça permet au gens de savoir directement à qui ils ont affaire. En même temps les hommes de mains de la mafia portent le même genre de costume ! Et conduisent les mêmes voitures. Sauf qu’ils ne sont rien à côté de nous. Leur existence est tolérée, mais pour combien de temps, là est la question ! Mais il ne faut surtout pas que je me disperse, je ne suis pas là pour lutter contre la mafia, mais bel et bien RR. Et puis qui sait peut-être qu’à l’occasion la mafia pourra me donner un tuyau ou deux pour localiser cette brave menace qui vient de rendre si populaire notre bonne vieille roulette nationale !

Me voici donc dans ma Mercedes CLS 500. Une merveille, bien que je ne soit pas un grand fan d’automobile. Mais il faut avouer que la conduite est souple et très confortable. Tandis que je me rend au bureau pour étudier encore et toujours, les documents mis à ma disposition sur RR, je sais ca vire à l'obsession mais c'est mon métier et c'est ma façon d'être ! Bref, je suis donc perdu dans mes pensées comme souvent lorsque j’étudie un nouveau dossier, et je ne fait pas attention, le feu à 20 mètres devant moi est rouge, les piétons s’engagent donc, et je ne ralentit pas. Personnes ne fait vraiment attention, se disant que je vais ralentir. A 3 mètres, les gens accélèrent le pas, pour les plus malins, ou s’arrêtent net au milieu du passage piéton, pour les plus idiots. C’est le cas d’une jeune mère de famille, réalisant alors que c’est bien moi qui conduit et pas quelqu’un d’autre, je pile sur place.

- Sympa, bon freinage. J’adore cette caisse.

Je vous passe les détails des injures auxquels j’ai droit de la part des piétons, et surtout de la jeune mère de famille. Personnes que je remercie gracieusement d’un magnifique majeur de ma main droite. Comme ça tout le monde est quitte. Bon, il va falloir que je reste concentré si je veux arriver sans faire de dégâts. Pas facile à faire dans mon cas, entre la fatigue et mon intérêt plus que prononcé pour cette affaire, mes pensées divaguent à nouveau au bout d’une paire de minutes. J’ai pas fait 800 mètres qu’un nouvel accrochage, plus sérieux cette fois-ci me guette. En effet, je passe une nouvelle fois au rouge, sauf que là je me retrouve au milieu d’un carrefour. Et ça ne rate pas. Un véhicule me percute l’aile arrière droite. Le choc est brutal mais pas d’une extrême violence non plus. Je suis juste un peu étourdi. Je sors pour voir les dégâts sur ma nouvelle ex-voiture de fonction. Je suis sur qu’après ça je vais me trimbaler une antiquité du temps du Soviet Suprême. Me voici donc au milieu du carrefour avec une voiture trop endommagé pour rouler. Je n’ai que faire de l’autre conducteur, ou conductrice ! J’avais la priorité, enfin j’arriverais bien à trouver un prétexte d’urgence face aux flics. Je suis du FSB, donc ils ne m’en tiendront pas rigueur, et j’espère qu’ils ne chercheront pas trop à savoir si j’ai dit vrai.

Mon téléphone se met à sonner, c’est le bureau qui m’appel, ce qui ne peux signifier qu’une seule chose : urgence. Et vu là où je suis, il n’y a qu’une seule urgence : le Barillet Fou. Il a du s’en prendre à quelqu’un d’autre. Il faut que j’aille voir ça de plus près. Espérons que la personne est vivante !

- Agent Kirov j’écoute…Hmm…Hmm…Quoi ? Une des nôtres ? Mais quand ? Personne ne m’a dit qu’elle n’était pas là. Comment ça quel rapport ? Bah ça paraît évident non ? Bien sûr qu’on est des cibles, et pas qu’un peu imbécile…Vous avez raison, désolé de m’être emporté si vite. Bon où ? Il est où cet hôpital ? Envoyez une voiture me chercher…Non j’ai eu un accrochage, non ce n’est pas ma faute, il à même tenté de me soudoyer. Je suis au carrefour de…Oui c’est ça. Bien à tout de suite.

Je raccroche, mince ! J’ai pas demandé le nom de l’agent qu’on a retrouvé ! C’est un comble quand même, je suis chargé d’enquêter sur les faits de « RR », et quand un de nos agents disparaît mystérieusement, personne ne prévient notre service. Bon, je sais que c’est une femme, et qu’elle est en vie, c’est le plus important, maintenant il me faut attendre mon chauffeur, il s’occupera des détails du constat avec les forces de l’ordre pendant que je foncerai à l’hôpital. J’ai envie de parler avec la survivante avant que les médecins ne la mettent sous tranquillisant.

Quelques minutes plus tard, une voiture approche, pas besoin de faire de dessin c’est exactement le même modèle, donc je sais que c’est pour moi. Entre temps, les policiers sont arrivés et ont commencés à m’interroger sur l’accident. J’ai dis ce que j’avais à dire. L’autre n’a pas dit un mot, il est en larme. Les policiers le secouent sans résultats. La Mercedes arrive à mon niveau, la vitre conducteur s’ouvre le chauffeur me fait signe de monter, j’ouvre la portière et en descend un type qui va parler aux flics. L’un d’entre eux comment à venir d’un pas pressé comme pour m’empêcher de partir, mais c’est inutile. Je monte, ferme la portière et la voiture démarre dans un crissement de pneu, accompagné du rugissement du puissant moteur. Nous fonçons vers l’hôpital, et le moins que je puisse dire c’est que le chauffeur est bien meilleur que moi ! Un vrai professionnel de la route.

En moins de trois minutes me voici devant l’entrée de l’hôpital. Je vais la jouer discrète, si il prends l’envie a RR de venir faire des siennes contre notre agent encore en vie. Même si ce n’est clairement pas son mode opératoire. J’entre donc, on m’a prévenu dans la voiture qu’elle était la chambre, et qui était aussi la victime, où plutôt la survivante. Si je m’attendais à ça ! Moi qui la croyais plus méticuleuse, et surtout plus prudente que ça. Enfin j'espère qu'elle ne gardera pas trop de séquelle. J’arrive devant sa chambre, personne dans le couloir, je rentre. Il y a là une infirmière et un médecin en train de vérifier la perfusion de son bras, et sa température, son rythme cardiaque, enfin tout les trucs que les médecins font !

- Désolé, vous ne pouvez pas entrer ici sans un avis de la sécurité de l’hôpital.

Je sors ma carte du FSB, et la montre au médecin. Ca devrait faire l’affaire, et puis quand bien même il ne serait pas rassuré, je ne compte pas sortir de cette chambre avant qu’elle se réveille.

- Voilà ce qu’en dit la sécurité de l’hôpital. Elle en a pour combien de temps à dormir comme ça ?

Il regarde ma carte et fait les yeux ronds. Il n’a pas souvent du voir un agent du FSB, alors deux dans une même pièce pensez donc ! Pour lui c’est la journée la plus excitante de sa vie, il se sent important, avec des responsabilités. Remarquez, les gens sont plus efficaces quand ils se sentent important et concernés par une situation, alors on ne va pas casser son beau rêve de grandeur et de gloire !

- Je ne sais pas trop. Elle était déjà fatiguée, on n’a pas eu besoin de forcer la dose. Mais attendez un peu avant de l’interro…de lui poser des questions. Elle peut-être encore fragile psychologiquement.

- Rassurez-vous, il en faut plus que ça pour la briser ! Vous pouvez nous laisser, je viendrez vous chercher si elle a besoin de quelque chose.

Lui et son infirmière sortent, ils vont sûrement allez en salle de repos pour raconter leur exploit ! Et tous leurs collègues en seront vert de jalousie, ou pas. Mais ce n’est pas mon problème, j’ai deux heures à attendre, je retire mon pardessus et ma veste. Mon holster ressort donc clairement sur ma chemise, mais bon, c’est pas comme si cette bonne vieille Elvira n’avait jamais vu un flingue de sa vie ! Je m’assieds sur une chaise qui traîne dans la pièce et me place aux pieds du lit. Ca lui fera plaisir de voir ma tête à son réveil ! Les minutes défilent, encore et encore et toujours. Je m'ennuie. Je sors donc mon paquet de cigarette, je sais qu'il est interdit de fumer dans un hôpital, mais je vais me mettre à la fenêtre comme ça la cigarette sera techniquement hors de l'hôpital. Je ne quitte pas la pièce, car je refuse de laisser Elvira, dès qu'elle reprendra connaissance je veux être là. Après tout on a beau être rivaux, on en reste pas moins de vieille connaissance. Pour m'assurer qu'elle n'aura pas trop froid, je pose ma veste et mon manteau sur Elvira. Je ne voudrais pas qu'elle soit malade, et en plus par ma faute, elle serait capable de me refiler une pneumonie juste pour se venger, car bien sur pour elle j'aurais fait exprès de l'enrhumer alors qu'elle n'était pas en mesure de se défendre ! Bref, j'en suis à la quatrième cigarette d'affilé, il faut que je m'arrête, c'est pas ça, ni le café qui vont m'aider à dormir mieux, ni à calmer mon humeur.
Elvira commence à bouger, je vais au pied du lit, et je me dépêche de chercher mentalement une bonne vanne qui fera office de "bonjour", on ne change pas les bonnes vieilles habitudes. Et puis après ce qu'elle a vécu, il sera bon pour elle de s'accrocher à son train train quotidien, de voir que les gens sont pareils envers elle, elle n'aimerait pas que je sois trop attentif envers elle je pense.