RUSSIAN ROULETTE
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 « Entrevue fortuite »

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Elvira M. Dezrodnov

Elvira M. Dezrodnov

▬ COPYRIGHT : © DODIXE
▬ JOB : Agent du FSB


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« Entrevue fortuite » Vide
MessageSujet: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeMer 5 Mai - 23:44



© NEMESIS
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FEAT MSTISLAV V. KRYLOV & ELVIRA M. DEZRODNOV

« Entrevue fortuite »
.

Le couloir autrefois silencieux, se trouvait soudainement victime d'une nouvelle visite. Le son des talons aiguille raisonnait contre les murs, reproduisant à l'infini le bruit sec caractéristique d'une femme marchant sur un carrelage froid tel un mort. C'était d'ailleurs à cela que cet endroit pouvait ressembler : à la mort. Le bâtiment entier était couvert d'une aura rappelant ces corps vides de vie, entassés dans des tiroirs couleur acier, accentuant la froideur des lieux. Le raisonnement diminua légèrement, les pas étant en train de ralentir, puis le léger craquement d'une fin de cigarette qui se brise au contact du cendrier retentit. Mes yeux, cachés derrière des lunettes aux bords noir et épais, se relevèrent en direction de la porte grise et déprimante. Telle un cow-boy entrant dans un saloon, je plaquai mes mains sur les deux battants pour ouvrir la porte. Un crissement léger mais facilement audible dans un tel silence parvint à mes oreilles. De nouveau, le bruit que faisaient mes talons sur le sol reprit de plus belle alors que je m'avançais vers le bureau du médecin légiste qui allait me recevoir. Ce dernier sortit au moment même où j'arrivais. Il m'adressa un sourire poli et je le lui rendis. Le mien fut cependant beaucoup plus bref et vif. Je n'étais pas là pour m'attarder avec des formules de politesses. Des paroles étaient inutiles, il connaissait parfaitement la raison pour laquelle je m'étais rendue dans ce lieu si peu accueillant ; je lui en avait parlé lors de notre dernier contact téléphonique. Contre toute attente, ce ne fut pas le surnom idiot que l'on donnait au tueur Russian Roulette qui s'était immédiatement échappé de mes lèvres. J'avais besoin d'examiner de nouveau un corps afin d'y découvrir si la raison de la mort avait parfaitement été identifiée comme étant propre à la façon de fonctionner d'un homme suspecté d'espionnage. Il s'agissait du corps d'un certain Miroslav Indeitsev qui faisait partie de la police - raison pour laquelle il aurait pu être supprimé. Mais nous avions besoin d'être absolument certains qu'il ne s'agissait pas du tueur cinglé avec son jeu à roulette.

Je soupirai intérieurement. Depuis l’arrivée de ce tueur à Saint-Pétersbourg, tout le monde pensait que chaque corps découpé ou brûlé retrouvé dans quelque lieu insolite, avait forcément été victime de Russian Roulette. Comme si c’était le seul et unique criminel qui se trouvait en ville. Cette dernière était bien assez grande pour en abriter une bonne centaine. Certes, c’était le tueur à roulette - surnom encore plus méprisant que je lui donne - qui mettait la population dans une constante peur de mourir. Le genre humain me ferait toujours rire. Mais c’en était ainsi et le temps que notre traque ne voyait pas la fin du tunnel, rien ne s’arrangerait. Et pour le moment, il fallait se l’avouer, l’enquête piétinait pitoyablement. J’espérai que le médecin ait omit de préciser un ou deux détails sur la mort d'Indeitsev. Ainsi, je décrocherais un nouvel élément sur l’enquête, même si je n’en faisais pas réellement partie. Je songeai d’ailleurs de plus en plus à rejoindre le service spécial, cette affaire m’intéressant réellement. Mais j’avais toujours apprécié chercher de mon côté, préférant garder des informations pour moi afin de les utiliser plus tard, au moment de procéder à une arrestation par exemple. Je pouvais ainsi prouver que j’étais parfaitement capable de réussir sans l’aide de personne. J’avais toujours été à la recherche de crédibilité et de respect et c’était - pour moi - une bonne façon d’y arriver. Mais cette affaire était beaucoup trop importante pour m’en occuper seule et j’avais terriblement besoin d’une ou deux personnes avec lesquelles partager mes trouvailles. Et le service spécialement créé pour Russian Roulette aurait été parfait si j’avais décidé de mettre ma fierté de côté. Ce qui n’était pas arrivé.

Le médecin légiste posa ses mains sur la poignée de l’un des tiroirs dans lesquels des dizaines de corps avaient été déposés. Il l’ouvrit d’un coup sec avant de saisir rapidement la plaque coulissante pour dégager le corps. « Le voilà. » annonça-t-il, une main dirigé vers les restes d'Indeitsev. Une main posée non loin de mes lèvres, anticipant une inévitable mauvaise odeur, je m’avançai vers le corps et me penchai au dessus de ce dernier. Dans ce bordel de chair brûlée, de membres à moitiés découpés - ou simplement entaillés - je pu parfaitement remarquer le trou sombre ayant précédemment laissé des filets d’un sang carmin s’échapper. Une balle dans la tête, c’était bien cela que le tueur à roulette - décidément, ce surnom me fera toujours sourire - avait l’habitude de faire subir à ses victimes les moins chanceuses. Certes, cela ne prouvait absolument rien. « J'aimerai voir votre rapport d’autopsie le concernant. ». Je n’avais pas eu l’occasion de l’avoir en main propre. Un autre agent m’avait rapidement fait un briefing, concluant bien rapidement à un règlement de compte entre ce flic et le présumé espion. Malheureusement pour lui, je n’étais pas du genre à croire de simples paroles telles que les siennes, mais plutôt à croire les images que mes yeux allaient me renvoyer. Et le FSB me donnait raison, fait qui expliquait donc ma présence ici.

Alors que le médecin légiste avait fait volte-face pour retourner chercher le rapport dans son bureau - quelle idée de ne pas l’avoir prit avant - je restai en charmante compagnie, avec près de douze corps, d’après ce que le tableau blanc servant de répertoire journalier indiquait. Pratiquement la moitié d’entre eux étaient des victimes de Russian Roulette. Ce type aurait réellement mis un bordel monstre en ville. Ajoutant un peu de bruit dans cet endroit beaucoup trop calme, je reculai de quelques pas. M’adossant à une colonne soutenant le plafond qui devait autrefois être blanc, il me vint la soudaine envie d’une cigarette. Sans doute n’étais-je pas autorisée à en allumer une. D’un geste vif et presque habituel, je retirai mes lunettes et passai mes doigts sur mes yeux, un peu comme si j’étais en train de m’éveiller, sortant d’un atroce cauchemar. Si seulement ça n’avait pu être que cela. Je pris tout de même soin de ne pas mettre mon maquillage en l'air, vive la crédibilité après cela. Je replaçai rapidement mes cheveux - aujourd'hui platine et ondulés - avant de reposer mes lunettes sur mon nez. Ma tête légèrement baissée fut prise d’un réflexe lorsque je pu entendre le grincement caractéristique de la porte d’entrée.Je levai alors les yeux vers cette dernière, m’attendant à tout sauf à cela.


Dernière édition par Elvira M. Dezrodnov le Lun 10 Mai - 21:29, édité 1 fois
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Mstislav V. Krylov
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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeSam 8 Mai - 18:19

    - Et si tu poussais ton cul ? J'ai pas que ça à foutre putain...

    C'est ce que je grommelle entre mes dents, à cheval sur ma moto, en attendant patiemment -ou non- qu'un vieil homme en déambulateur ai terminé sa folle course effrénée devant moi. J'évite souvent de dire ce des injures devant les anciens par respect et éducation mais il y a des fois où je dois admettre que c'est terriblement difficile de se retenir. En plus il pleut et le vent se fraie un chemin glacial jusqu'à la moindre parcelle de peau découverte. J'ai horreur de ce temps là. J'aurais peut-être même eu peur pour le petit vieux tout frêle qui pourrait se faire emporter par le vent en un rien de temps si je n'avais pas été d'aussi mauvaise humeur. Voilà qu'il dégage de ma ligne de mire, parfait. Je démarre en trombe et file sous la pluie comme un fou furieux. Je n'ai qu'un seul objectif aujourd'hui, aller m'occuper un peu d'un cadavre fraichement retrouvé dans les rues sombres et poisseuses de Saint-Pétersbourg. C'est un cadavre qui me revient, car j'avais fallu le choper dans une affaire de cambriolage mais il s'était révélé plus agile que prévu, un peu trop pour moi d'ailleurs. Et voilà qu'un pauvre type le retrouve dans une ruelle, au coin d'un porche et en informe immédiatement la police. J'avais alors décidé qu'une petite examination ne me ferait pas de mal en cette journée où je n'ai rien à faire. Je sais d'ailleurs même pas ce qu'il faut que je trouve en examinant ce type.

    V
    oilà que je débouche sur une grande rue. Je vois la morgue d'ici, grand bâtiment qui accueille une foultitude de nouveaux résidents depuis l'avènement de cet enfoiré de Russian Roulette. Je fonce entre deux voitures qui roulent trop lentement à ma gauche puis je m'arrête sur le long emplacement réservé au stationnement devant le complexe. Je range mon casque sous le siège de ma moto puis je trottine jusqu'à la porte d'entrée coulissante du bâtiment. Je m'ébroue un peu, comme les chiens oui, puis je constate qu'il fait aussi froid à l'intérieur qu'au dehors. Je frissonne mais enlève quand même mon pardessus noir qui semble imbibé d'eau. Je marche tranquillement dans la dédale de couloir où je ne rencontre personne. J'hésite à m'allumer une cigarette puis je me souviens que même si c'est interdit, il n'y a pas de détecteurs. J'en allume donc une, et inhale la fumée d'un air appréciateur. Je marche encore un peu, de plus en plus lentement car je sais que je ne suis pas loin de la salle qui contient mon cadavre. Un type ressort alors d'une salle sur ma droite. Il est surpris de trouver là une autre personne que lui.

    - Qu'est-ce que vous faites là ?

    J
    e sort ma plaque du FSB car je sais que c'est ce qu'il souhaite. Ses traits se détendent un peu mais il reste sur ses gardes, comme si il n'avait pas envie de m'aider. Ça tombe bien, je n'ai pas besoin de son aide, c'est cette salle qui contient mon cadavre.

    - Cadavre. Je crois que Ivan Bellic se trouve dans la salle d'où vous venez de sortir ?

    - Ouais j'crois bien... Cambrioleur si je me rappelle bien.

    - Merci, je vous laisse retourner à vos occupations.

    Il ne répond pas plus que j'ai l'air aimable. J'entends ses bruits de pas qui s'éloigne et je sourit en repensant à son air alarmé quand il a vu que j'avais une clope à la main. Je reste un peu là, un peu comme un con au final, puis je me décide à entrer. J'ouvre la porte et m'aperçoit directement que je ne suis pas seul dans la pièce, pas le seul vivant. A côté d'un corps gris recouvert à moitié d'un film plastique blanc immaculé se trouve une femme que je connais bien. Blonde, sculpturale, elle a déjà les yeux rivés sur moi tandis que ma bouche s'ouvre sous le coup d'une franche surprise. La jeune femme, qui se nomme Elvira, est on pourrait le dire ma seule vraie amie dans cette ville depuis mon arrivée. Elle est désirable c'est vrai, mais je n'ai pas vraiment pensé à tenter de me la faire, d'un parce que je suis totalement abruti quand il s'agit de drague, et de deux parce que je préfère la garder en amie. Mais voilà. Un soir, après une soirée alcoolisé, on s'est retrouvés dans un plumard, presque à poil et prêt à passer à l'acte. A ce moment là et je m'en souviens parfaitement, mes idées sur l'amitié avaient totalement disparus, je n'avais qu'une envie et je le faisais savoir. La jeune femme, au début aussi active que moi, nous a arrêtés au seuil de l'action, puis elle s'est barrée en s'excusant. Je ne me suis pas énervé et j'ai attendu le lendemain pour y réfléchir tranquillement. J'étais certes déçu mais l'envie de rester ami avec elle a pris largement le dessus. C'est dommage car je ne l'ai plus croisée depuis ce jour là, mis à part ICI. Coïncidence ou ignorance totale, je penche pour la deuxième réponse.

    - Elvira. Ça fait... Longtemps.

    J
    e ne sais pas vraiment quoi dire. J'hésite à lancer le sujet maintenant où à lui laisser le temps d'en parler. En attendant, je me penche comme si de rien était sur un autre corps qui est disposé sur un des nombreuses planches en métal. Je regarde l'étiquette enroulée sur le gros orteil du cadavre et constate que c'est bien le mien. Je soulève le drap, renifle sans le vouloir une odeur de fromage pourri, puis je prend note mentalement des traces de combats. Il a de nombreux hématomes et une marque de strangulation. Je lis rapidement le rapport du médecin légiste pour apprendre qu'il est mort pas suffocation, après avoir été semble t-il tabassé extrêmement violemment. Bizarrement, je me fous du rapport et du cadavre, car la présence derrière mon dos est l'objet de toute mon attention.

    J
    e me retourne et inhale encore la fumée de ma cigarette. Je relâche la fumée en petit ronds avant de fixer les yeux qui me dévisagent derrière cette paire de lunettes noires.
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Elvira M. Dezrodnov

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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeSam 8 Mai - 22:38



Si mon visage avait pu exprimer le moindre sentiment, sans doute la surprise se serait immédiatement inscrite sur mes traits. Il n’était certes, pas inhabituel de croiser quelque agent du FSB à la morgue. Mais là, peut-être était-ce un peu trop poussé. Je ne m’étais pas retrouvée seule dans une pièce avec Mstislav pour seule compagnie depuis la petite soirée. Cette dernière aurait pu être qualifiée de simplement amicale avant quelques verres. L’alcool avait eut raison de moi. Ce soir là, ce fut ma personnalité toute entière qui fut exposée aux yeux de cet homme. Et il était clair que nos avis sur cet instant ne divergeaient absolument pas, ils étaient identiques. On pouvait donc aisément deviner à quel endroit de la maison allait se terminer la nuit. Contre toute attente, ce ne fut pas le cas. Pas que l’envie nous manquait, loin de là. Nous aurions pu même être sur le point de conclure si je n’avais pas repris mes esprits, précédemment embrumés par l’alcool. La situation gênante qui s’en suivit, c’était la première fois que je la connaissais. Et à vrai dire, je ne saurai déterminer si je m’étais arrêtée simplement par fierté, ou si je tenais réellement à Mstislav. Peut-être n’obtiendrais-je jamais la réponse à cette question. Mais elle ne cesserait de me tourmenter chaque fois que je croiserais le regard de cet homme où que j’entre apercevais ne serait-ce que son visage ou sa silhouette. J’étais plutôt chamboulée, d’autant plus que c’était la première fois qu’une telle chose m’arrivait. J’avais toujours méprisé les hommes avant de rencontrer Mstislav et notre relation avait donc toujours été ambiguë.

En le voyant entrer, je sentis immédiatement son regard sur moi. Normal, j’étais la seule personne dans cette pièce à avoir conservé sa capacité à respirer. Et je pouvais imaginer qu’il était lui aussi surpris de me croiser dans un endroit si insolite. Toutefois, je ne baissai pas le regard. Je n’avais pas envie qu’il saisisse quel sentiment m’animait ces temps ci. J’offrais d’ailleurs mon visage de marbre à toute personne que je croisais. Je soutins donc son regard avant d’enlever mes lunettes que je venais pourtant à peine de reposer sur mon nez. En vérité, je n’avais jamais réellement eu de problème de vue, mais ces lunettes comptaient pour moi. Elles avaient appartenues à ma mère et s’accordaient plutôt bien avec mes vêtements du jour. Elles n’étaient aucunement utiles à une correction de ma vue, parfaite depuis ma naissance. Il fallait le dire, je voyais même mieux sans elles. Vivement, je les plaçais dans une poche intérieure de ma veste, sans quitter le regard de Mstislav. Il avait ce mystérieux visage qui m’avait faite craquer dès notre première rencontre. Je pouvais aussi lire un certain énervement sur ses traits, mais cela semblait passer doucement, à mesure que les secondes défilaient. Il avait l’air content de me voir. Et finalement, bien que gênée, je l’étais aussi.

Précédemment adossée contre la colonne, je me redressai doucement. De nouveau en position soutenue et droite, j’étais prête pour le saluer. Néanmoins, ce dernier me devança. Je ravalai mes paroles pour adapter les suivantes aux siennes. « Elvira. Ça fait... Longtemps. » Prise de cours, je hochai légèrement la tête avant de prononcer un « En effet. » assez difficilement audible. Mais le silence qui régnait dans ces lieux ne pourrait empêcher la moindre compréhension de la part de Mstislav. Je me trouvais ensuite dans une situation assez embarrassante. Je n’avais en effet pas grand-chose à lui dire. J’avais pourtant la sensation qu’il fallait que je m’explique sur l’autre nuit. Le fait de m’être presque enfuie en plein milieu du truc. Mais je ne savais comment l’expliquer moi-même. J’espérais donc assez qu’il n’espère nullement d’excuses construites et argumentées, car je n’en avais pas à lui donner.

Voulant fuir la discussion, je baissai de nouveau le regard sur le cadavre devant moi. Sa mauvaise odeur me passait au dessus désormais et j’avais bien du mal à me concentrer sur son cas. Je fermai les yeux quelques secondes avant de passer une main glacée sur mon visage diaphane. Une respiration profonde souleva ma poitrine avant que je me sente de nouveau d’attaque. Je pouvais sentir la présence de Mstislav dans mon dos, en train d’observer un autre cadavre. Je ne savais pour quelle affaire il travaillait en ce moment. Une nouvelle victime de Russian Roulette peut-être bien. Je savais qu’il avait été envoyé ici simplement pour cette difficile enquête. Il ne me semblait pas qu’il bossait sur d’autres choses. Aurais-je manqué quelque chose ? Des nouveaux éléments auraient-ils fait leur apparition ? Bien. Je parvenais à faire dévier mes pensées sur le boulot. C’était déjà un net progrès. Je n’entendais que peu de bruit derrière et n’osais pas vraiment faire volte-face. Que faisait ce foutu médecin légiste avec mon dossier ? Je soupirai sans me cacher. J’avais bien du mal à garder mes pensées concentrées alors que je pouvais sentir une alléchante odeur de cigarette planer dans les environs. Je me rappelai ensuite de celle que tenait Mstislav en entrant dans la pièce. Je m’étais pourtant retenue…

Je sorti rapidement mon paquet pour en extraire l’une des deux survivantes. Je la glissai entre mes lèvres avant de l’allumer en vitesse. La fumée envahissant mes poumons parvint à me détendre dès la première bouffée. Je soupirai de nouveau, laissant cette fois-ci la fumée s’échapper de mes lèvres écarlates. Je pris tout de même soin de ne pas l’envoyer sur le cadavre, sait-on jamais. Je n’y connaissais pas grand-chose en science mais il me semblait que la fumée pouvait être détectable. De nos jours, on pouvait d’ailleurs tout remarquer avec la technologie avancée. Mais ce n’était pas si grave. Je posai de nouveau mon regard sur l’homme derrière moi sans réussir à le lâcher. Je le tins même jusqu’à ce qu’il se retourne. Je fis mon possible pour donner l’impression d’une pleine confiance en moi, la tête rejetée en arrière et le regard soutenu. « Alors ? Russian Roulette aurait-il encore fait des siennes ? » demandai-je alors que je n’en avais - il fallait l’avouer - absolument rien à faire pour le moment. Tout ce qui m’importait était de dévier une conversation qui n’avait pas encore commencée et qui je l’espérais, mettrait du temps à s’installer.
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Mstislav V. Krylov
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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeMar 11 Mai - 22:30

    Mon regard est posé sur son dos, qui ondule brusquement. Un volute de fumée s'étale paresseusement dans les airs au dessus d'elle tandis que mon sourire s'élargit. Elle est comme moi, fumeuse et méprisante des règles. Je peux même supposer qu'elle a pensée à allumer sa cigarette en sentant l'odeur de la mienne, qui se consume plus vite que je le voudrais. Je pose ma main libre sur l'espère de brancard en métal. Je sens qu'un bout de peau froid se colle à la mienne. Je retire ma main avec une grimace de dégout et me replace en tentant de conserver le silence qui recouvre la salle. Je tourne rapidement le dos à la jeune femme pour vérifier un dernier détail mineur, bien que cette examen ne m'importe plus vraiment maintenant. Lorsque je me retourne, Elvira a le regard posé sur moi, cigarette à la main, la fumée sortant de sa bouche. Une vision vient voiler mes yeux; ses yeux fixant les miens, si proches, tandis que ses lèvres si douces s'unissent aux miennes sans un bruit, sans la lueur d'excitation violente et sauvage qui m'habite le plus souvent dans ces moments là. La vision se désagrège, mais j'ai l'impression de sentir son parfum sur ma peau, comme si l'action se déroule maintenant. Mais non. Nous sommes en face l'un de l'autre, séparés par dix mètres de froid polaire, entourés de murs gris et accompagnés de deux cadavres presque aussi gris que les murs et qui sentent le fromage. Pas vraiment idyllique comme réalité.

    - Alors ? Russian Roulette aurait-il encore fait des siennes ?

    P
    as vraiment. Une des nombreuses affaires qui me tombent dessus de mon plein gré, juste dans un désir de justice que tout le monde me reconnait. Elle doit le savoir que j'aime éperdument m'entrainer dans des situations à risques juste pour le plaisir de foutre des beignes aux méchants et de les envoyer en prison. C'est comme un hooligan; il aime se battre autour des terrains de foot, c'est son hobby. Moi mon hobby, c'est d'arrêter les criminels et de les tabasser un peu histoire que le passage devant le juge ne soit qu'une simple formalité. Ah au fait, Mstislav, il faut que tu parles à la dame qui te regarde au lieu de te parler à toi même, okay ? Ah oui merde.

    - Nan, c'est un type que j'avais rencontré y'a quelques temps. Un cambrioleur. J'avais l'intention de le choper mais quelqu'un a semble t-il mis un terme à sa vie avant que j'ai pu lui foutre la main dessus. Vu comment il s'est fait tabasser, je pense pas que RR soit dans le coup. Et toi ? Russian Roulette ou crime ordinaire ?

    L
    es bonnes phrases des flics ça. Comme si les meurtres étaient ordinaires et habituels. Il est vrai que pour moi, le meurtre est en constante évolution, j'en découvre tout les jours des nouveaux, avec leurs mises en scènes bien particulières, théâtrales parfois, comme Russian Roulette. Bordélique souvent. Revenons à nos moutons, ou plutôt, à Elvira, qui me semble bien mal à l'aise. C'est à dire qu'au vu de notre dernière discussion, finie sur l'oreiller, je dois avouer qu'il est plutôt normal de sentir mal. Moi aussi d'ailleurs, je me sens quelque peu stressé devant la jeune femme, un peu comme si l'affrontement me faisait peur, alors que je sait très bien qu'il est inévitable et qu'il le faut pour redresser notre amitié. C'est nécessaire et j'y tiens vraiment, parce que mine de rien, Elvira est ma seule véritable amie ici, à St Petersbourg.

    - Tu sais... Je m'excuse d'avance si tu ne souhaitais pas en parler mais il faudrait discuter un peu... En ce qui concerne l'autre soir, où plutôt en ce qui concerne maintenant.

    H
    op. J'hésite déjà à continuer sur ce chemin, vu le regard qu'elle me jette, nullement haineux mais plutôt très très mal à l'aise, chose que je n'avais vu pour ainsi dire jamais chez elle. Mais bon, il faut qu'elle comprenne que je n'ai pas l'intention de laisser notre relation se terminer comme ça, par une ignorance totale, alors que la seule chose que je souhaite, c'est de retrouver nos anciennes conversations, nos fous rires, si rares de part notre caractère. Je sais très bien que j'aurais fait ce qu'il y avait à faire si elle ne s'était pas arrêtée en plein élan, mais je préférerais largement conserver ce qu'elle souhaite, c'est à dire surement notre amitié, que de tenter une fois de plus de devenir son amant.

    Je me racle la gorge. Ma clope s'écrase sur la main ouverte de mon cadavre. La peau rougit, puis noircit autour de la brulure. Je décide de lui laisser un peu la parole, histoire qu'elle prenne conscience qu'être mal à l'aise ne sert à rien. Et de prendre aussi conscience que je tient à elle. Serais-je devenu gentil ?
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Elvira M. Dezrodnov

Elvira M. Dezrodnov

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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeMer 12 Mai - 16:09


Désolée, un peu long, trop de blabla. Mais les pavés sont ma raison d'être. x)

Alors qu'il était encore derrière moi, je pu sentir le regard de Mstislav posé sur moi. J'étais même persuadée qu'il ne cessait de me fixer, délaissant le corps sans vie présent juste à son côté. Il en était de même pour moi. La cigarette parviendrait peut-être à m'aider à garder le contrôle de moi-même. Plus les secondes défilaient, moins je me sentais mal. Néanmoins, la crainte du prochain sujet à aborder était toujours présente. Je tirai de nouveau sur ma cigarette. En me retournant, le menton haut et l'attitude posée, je pu apercevoir un reste de sourire sur les lèvres de l'homme qui me faisait face. Je ne pouvais deviner ce qui l'avait poussé à rire dans ces dernières secondes mais j'étais curieuse de le savoir. Il sembla, des plus, déstabilisé lorsque je portai de nouveau la cigarette contre mes lèvres. Je fronçai légèrement les sourcils en laissant la fumée s'échapper. A quoi pouvait-il bien penser ? Pour ma part, je ne pouvais poser mes yeux sur son visage sans qu'un souvenir de la soirée me revienne en tête. Je me sentais telle une adolescente durant ses premières expériences, celle qui se demandait ce que pouvait bien penser l'autre. En temps normal, je n'aurai pas spécialement eu envie de connaître son jugement me concernant. Je n'avais que faire de l'avis des autres. Il me passait bien au dessus. Mais pour le coup, il m'atterrissait en plein visage, me rappelant ce qui c'était passé et surtout, ce qui ne s'était pas passé. Regrettais-je d'être partie ? Non. Et si cela venait à se produire de nouveau, quelle serait ma réaction ? Je baissai les yeux quelques secondes. Mstislav avait lui aussi détourné le regard il a de cela quelques secondes pour les poser sur le corps en décomposition, j'espérai donc qu'il ne prendrait pas ceci pour en forme de faiblesse.

La forme de faiblesse, c'était celle qui consistait à dévier une conversation qui n'avait nullement commencé, sur un dialogue concernant le boulot. Oh oui, c'était barbant. C'était même pire que cela. Mais j'avais besoin de quelques minutes pour reprendre mes esprits, pour tout remettre en place. S'il espérait une quelconque explication, je me devais d'en inventer une. Mais le simple fait d'y penser me déstabilisait encore plus, mon esprit retrouvant ces images que j'avais vues lors de cette fameuse nuit. L'alcool que j'avais pu consommer aurait dû m'en effacer une bonne partie mais j'avais la malheureuse impression d'être capable de me souvenir de tout. Je savais que chaque seconde de cette soirée était gravée quelque part dans ma tête, seulement, je n'avais pas envie de les revoir. Je n'avais pas envie de me revoir poser mes lèvres sur celles de Mstislav ; je n'avais pas envie de ressentir l'excitation que j'avais pu ressentir en cet instant ; je n'avais pas envie de sentir sa peau brûlante sous mes mains diaphanes ; je n'avais pas envie de le sentir aussi proche de moi, tout comme je n'avais pas envie de m'ajouter à sa liste d'amante. Pour une femme telle que moi, c'était une insulte. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agissait là d'une humiliation. J'avais tellement fait pour être respectée et crainte des hommes qui m'avaient toujours traitée comme un objet, finir ainsi aurait peut-être signifié l'échec ? Pourtant, ce n'était pas la première fois que je m'étais retrouvée dans le lit d'un homme depuis mon divorce. Mais cette fois là, il m'avait pourtant semblé que rien n'était pareil. Je n'étais pas celle qui contrôlait ce qu'il se passait, donnant ainsi la place dominante à Mstislav. Place que j'avais toujours pris soin d'occuper afin de ne pas me sentir inférieure à un homme. Enfin, il était mon ami. Et c'était pour cette raison que nous viendrions de toute façon à parler de cela. Je n'avais pas envie de le perdre pour une simple idiotie, et il en était sans doute de même pour lui. Mentalement, je me préparais donc à supporter cet instant qui serait déterminant pour notre relation déjà ambiguë.

« Nan, c'est un type que j'avais rencontré y'a quelques temps. Un cambrioleur. J'avais l'intention de le choper mais quelqu'un a semble t-il mis un terme à sa vie avant que j'ai pu lui foutre la main dessus. Vu comment il s'est fait tabasser, je pense pas que RR soit dans le coup. Et toi ? Russian Roulette ou crime ordinaire ? » J’eus comme une sorte de flash-back soudainement. Mstislav venait d’employer certains mots que j’avais moi-même employés il y a quelques années de cela. Décidément, ce souvenir me poursuivrait longtemps. Et bien que mon envie d’envoyer Russian Roulette en taule soit le plus fort, j’avais comme une sorte de reconnaissance envers ce cinglé. Il m’avait débarrassé de la personne qui me gâchait la vie. Je n’avais cependant aucun remords à le traquer aujourd’hui. Ce n’était pas dans mon habitude d’éprouver la moindre pitié pour les gens de son genre. Il n’était pas beaucoup plus différent d’un autre pourtant. Chaque humain est capable de faire du mal et ne s’en prive pas. L’homme a qui je fus mariée de force par mon père avait payé le prix de ses actions. Lorsqu’il fut pourtant relâché de prison après m’avoir agressée en plein Saint-Pétersbourg, je m’étais juré de le retrouver pour lui faire la peau. J’aurais facilement pu le provoquer afin qu’il me touche le premier et ainsi déclarer mes actions comme de la légitime défense. J’aurai même pu fabriquer un faux témoignage ou même des preuves. J’avais passé du temps à mettre un plan sur pieds. Mais un beau jour, j’appris qu’il avait été attrapé par le tueur à roulette. Je me souviens encore de ce poids insoutenable quittant mes épaules. J’étais à la fois soulagée et énervée de n’avoir pu lui arracher sa vie comme il l’avait fait pour la mienne. Aujourd’hui, je pense qu’il en est mieux ainsi et même si ce cher Russian Roulette m’a en quelque sorte, rendu service, je ne rêve que de le descendre.

J’annonçai donc finalement ma réponse, après une réflexion intense qui ne paru durer qu’un dixième de seconde. « C’est la question que je me pose. » Je ne savais pas réellement si ce type était une victime de Russian Roulette ou non. Officiellement, il ne l’était pas. Mais l’enquête piétinait tellement que mon patron - voyant que je passais mes journées dans mon bureau sans avancer beaucoup d’enquêtes - m’avait envoyée ici afin de m’assurer qu’il n’y avait pas eu méprise. Et donc, que ce corps n’avait rien à voir avec le tueur le plus célèbre de Saint-Pétersbourg. Je jetai d’ailleurs un nouveau coup d’œil sur le corps. Tous les éléments présents pouvaient mener à la conclusion qu’il était en effet passé entre les mains du tueur. Comment était-il possible que nous soyons passés à côté ? Il reposait maintenant ici depuis près d’un mois et avait directement été classé par la police. Le FSB n’avait pas été mis sur cette enquête, mais aurait pourtant dû. Ce corps aurait dû nous être annoncé. Je plissai le nez pour faire face à l’odeur lorsque la voix mielleuse de Mstislav parvint à mes oreilles. « Tu sais... Je m'excuse d'avance si tu ne souhaitais pas en parler mais il faudrait discuter un peu... En ce qui concerne l'autre soir, où plutôt en ce qui concerne maintenant. » Je frissonnai.

Il n’ajouta rien de plus. C’était donc à mon tour d’argumenter ? Sans me tourner complètement vers lui, je passai une main glacée sur mon front. J’aurai donc à improviser une réponse. Ou aurai-je la force de lui dire ce qu’il en était réellement. Il fallait que je trouve moi-même une réponse à cela pour lui annoncer. Ses paroles me revinrent rapidement. Il souhaitait surtout être informé sur l’instant présent, et non sur le passé. Je soupirai un grand coup avant d’aspirer une bonne bouffée de fumée. Cette dernière consuma le reste de ma cigarette que j’écrasai nerveusement sur la colonne à ma gauche. Faisant de nouveau face à Mstislav, j’éclairai ma voix. « Pourquoi changer d’attitude l’un envers l’autre ? » J’avais parlé rapidement, j’étais un peu sur la défensive. « Après tout, il ne s’est rien passé. » Mais il aurait pu se passer quelque chose. C’était bizarre pour moi de le prendre ainsi. Je me sentais revenir à l’âge de seize ans, totalement perdue et prenant à cœur une histoire sans importance. Je pouvais avoir l’air particulièrement ridicule en cet instant. Mais après ce que j’avais déjà vécu, peu m’importait d’être un sujet de moquerie. Nerveusement, je commençai à mordre ma lèvre inférieure tout en craquant mes doigts dans mes poches.
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Mstislav V. Krylov
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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeJeu 20 Mai - 17:01

    Elvira me répond que c'est la question qu'elle se pose. A voir la tête du corps, il est peu probable qu'il se soit passé par la case Russian Roulette, ses membres sont disposés dans l'ordre de base, et pas les uns à côté des autres comme se plait RR à les démembrer. Enfin, c'est à ce qu'il parait sa seconde manière de marquer ses victimes de son passage macabre, en plus du sillon sanglant et net que laisse la balle du flingue à six coups qu'il utilise pour son jeu horrible. Il doit se prendre pour un artiste, un psychopathe aux intentions honorables, qui montre au monde qu'il n'y a pas de vie sans risque, une espèce de sauveur des temps modernes, aux méthodes bien singulières pour démontrer ses idéaux. Moi même parfois, je me plait à penser que si il ne pouvait kidnapper essentiellement des criminels pour jouer à son jeu, je le laisserais faire. Tout du moins je ne mettrais pas autant d'ardeur à vouloir l'attraper. Un tueur de tueur. Le genre de type que j'aimerais choper à la fin de son sacre, à la fin de son travail d'orfèvre, lorsque la ville aurait été débarrassée de la racaille de bas-étage, des grandes pontes du crime. Malheureusement pour lui, et pour moi, il joue avec tout le monde, les innocents comme les criminels.

    Bref. Voilà que je parle de notre "problème". La jeune femme est mal à l'aise. Elle passe sa main sur son front, comme en proie aux tourments de son esprit, puis elle écrase sa cigarette avant de me faire face. Je ne souris pas, bien que j'en ai envie, juste pour lui montrer qu'il n'y a pas lieu de se prendre la tête, qu'il faut juste en discuter à tête reposée, comme maintenant, puis jeter aux oubliettes notre petite histoire d'un soir, qui a faillit se transformer en erreur monumentale. Car il n'y a qu'un pas entre l'amitié et le palier bien plus intime d'une relation entre une femme et un homme.

    - Pourquoi changer d’attitude l’un envers l’autre ? Après tout, il ne s’est rien passé.

    S
    a voix a quelque chose de froid, qui accompagne naturellement ce qu'elle dégage déjà depuis qu'elle m'a sous les yeux. Elle a somme toute raison, il n'y a pas lieu de changer d'attitude l'un envers l'autre, car bien que selon moi, il s'est évidemment passé quelque chose lors de cette soirée, ce n'est pas aussi dérangeant que si nous étions passés à l'acte. Elvira se mord la lèvre inférieure, toujours son regard planté dans le mien, tandis que je cherche une réponse appropriée qui ne veut pas venir, alors que je suis parfaitement d'accord avec elle. Enfin presque.

    - Il ne s'est presque rien passé. Mais comme tu m'as... semble t-il évitée pendant quelques temps, j'ai cru comprendre que ça t'avais un peu retournée non ? Parce que moi j'y ai plus d'une fois réfléchi mais je comptais t'en parler dès que je te reverrais, je pensais pas que t'allais avoir cette réaction.

    C
    a m'avait d'ailleurs surpris qu'elle ait instaurée une distance entre elle et moi. On travaille ensemble, et elle se débrouillait pour ne pas me rencontrer. J'en avais alors conclu qu'elle ne voulait plus me voir, même si j'avais compris après, au gré de mes nombreuses discussions internes entre moi et mon esprit, que ce n'était pas le cas. Maintenant, j'en suis sûr, c'est une de ses caractéristiques. Une sorte de moyen qu'elle a de remédier à cette situation, peut-être pour y réfléchir, peut-être pour prendre le temps d'oublier ça avant de revenir à la normale sans même m'en parler, ce que j'aurais peut-être quand même fait malgré tout. Car oui, moi et mon besoin de mettre au clair ce que je pense, c'est un vrai fléau parfois.

    - En tout cas, je pense que ouais, on a pas à changer d'attitude l'un envers l'autre, juste à rayer cette soirée de nos esprits. Histoire de redevenir comme avant. Ah et il faudrait penser à ne plus boire autant...

    J'ajoute un sourire, parce qu'il le faut bien pour réchauffer une atmosphère froide comme une morgue... On est déjà dans une morgue ? En tout cas j'espère qu'elle appréciera le fait que je souhaite récupérer notre amitié, et que j'ajoute un trait d'humour pour lui montrer que je tiens à elle, comme j'espère qu'elle tient à moi. Aurais-je pensé cela de quelqu'un avant ? Non je ne crois pas. L'amitié à Moscou, c'était quelque chose de brutal, de viril et de hiérarchique, mes potes étaient aussi mes sous-fifres, et sans se dire de mots sympa ou affectueux, on savait qu'on pouvait compter les uns sur les autres. Si je n'étais pas toujours le même type aussi violent et dangereux, j'dirais presque que j'ai changer !



[Sorry du retard et du contenu =/]
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Elvira M. Dezrodnov

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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeVen 21 Mai - 23:22


Je n’avais pas pour habitude de m’étaler sur les détails lorsque j’étais en pleine conversation avec quelqu’un. Et ce, avec qui que ce soit. Je n’étais pas muette certes, mais je n’aimais pas faire de long discours ennuyant tout en sachant qu’une entière pensée peut-être résumée par quelques simples mots. Et c’était ce que je faisais en l’instant même. Chacune de mes réponses restait évasive et courte tout en résumant pourtant ce que je pouvais penser. Pour répondre à la - longue - réplique de Mstislav, je n’avais usé que peu de salive. Pourtant, je pouvais supposer qu’il avait parfaitement compris. Après tout, ce n’était pas si compliqué. J’étais ici à la demande de mon patron pour me demander si ce corps démembré, étripé, brûlé, déchiqueté et avec une balle logée dans le crâne avait bel et bien été la victime d’un règlement de compte ou s’il s’agissait de Russian Roulette. Pour moi, c’était très peu probable. Peut-être le coupable était-il un admirateur de ce psychopathe et aimait à l’imiter. Ou était-ce simplement un connaisseur sur le sujet s’étant servit du tueur à Roulette pour éviter de porter le chapeau. Beaucoup d’hypothèses me vinrent alors en tête. Mais aucune d’elles n’accusait Russian Roulette. Non, pour une fois, je le pensais innocent. Ce type de meurtre, absolument mal réalisé et crade avec cela, ce n’était pas son genre. Peut-être avait-il changé de genre ? Me murmura une petite voix. Non, peu probable. Il me surprendrait toujours à chaque dépouille découverte, mais pas de ce côté ci.

J’étais totalement coupée entre deux enquêtes ; l’enquête Russian Roulette, et l’enquête Mstislav Krylov. A plusieurs reprises, je tentai de faire le vide afin d’y voir plus clair des deux côtés mais en vain. Des hypothèses sur les meurtres m’apparaissaient chaque seconde, s’alternant avec des images de ces moments passés avec l’homme qui me faisait face. C’était particulièrement perturbant et je savais d’avance qu’il me serait impossible de me concentrer sur les deux en même temps. Ma main était donc venue refroidir mon front beaucoup trop chaud pour une femme présente dans une morgue glacée. En souhaitant effacer ma gêne ou mon énervement, ou bien même mes regrets, j’ai malheureusement laissé place à un visage de marbre, à une voix aussi froide que cet endroit ainsi qu’à un ton défensif. J’aurais facilement pu passer à l’offensif mais il me fallait me retenir, ne souhaitant pas gâcher ma journée ou mon amitié avec Mstislav. Pour montrer mon sérieux, je plantai mes yeux dans les siens et demeurai ainsi jusqu’à ce qu’il réponde à mes dures paroles. « Il ne s'est presque rien passé. » Je frissonnai quant à la précision faite par le mot ‘presque’. Il me mettait face à ce que je passais mon temps à garder effacé. « Mais comme tu m'as... semble t-il évitée pendant quelques temps, j'ai cru comprendre que ça t'avais un peu retournée non ? » Je soupirai sans répondre. « Parce que moi j'y ai plus d'une fois réfléchi mais je comptais t'en parler dès que je te reverrais, je pensais pas que t'allais avoir cette réaction. » Il aimait beaucoup parler. Ou simplement, voir les choses à leur place ou les points sur les ‘i’.

Il avait ces fâcheuses habitudes. Mais cela me plaisait. C’était toujours bien d’avoir quelqu’un comme lui dans la police. Le genre de personne qui ne lâche jamais le morceau. Avec un peu de chance, Russian Roulette parviendrait à tenir encore quelques mois, permettant ainsi à Mstislav de prolonger sa visite de la ville. J’aurai pu écarquiller les yeux face à ce que je venais de penser. Heureusement, il n’y eut aucune réaction extérieure et je me pressai de répondre. « Je suis vraiment désolée que tu l’ai pris de cette façon. » Dis-je en vitesse avant de me calmer pour argumenter de façon plus posée. « Je ne t’ai pas évité. Je ne savais simplement plus quels sujets aborder avec toi. Et j’avais aussi besoin de réfléchir un peu. » Je soupirai. Il m’était difficile de parler autant sur un sujet qui m’était totalement inconnu. Mes réponses resteraient éternellement vagues. « En tout cas, je pense que ouais, on a pas à changer d'attitude l'un envers l'autre, juste à rayer cette soirée de nos esprits. Histoire de redevenir comme avant. » J’allais hocher la tête lorsqu’il reprit. « Ah et il faudrait penser à ne plus boire autant... » Je fus surprise par cette dernière réplique que je ne pus empêcher un sourire d’étirer mes lèvres écarlates. J’étouffai même un petit rire. Nerveux certes, mais sincère aussi. J’avais totalement besoin d’arrêter mes prises de têtes et le rire était un bon remède à cela.

Même lorsque j’arrêtai de rire, mon sourire de s’effaçait pas. Je fixais Mstislav et le fait qu’il sourit lui-même m’empêchait de repartir dans mes réflexions. Et c’était tant mieux. J’avais totalement zappé Russian Roulette ainsi que ma soi-disant enquête totalement inutile. Il me semblait avoir choisi l’enquête Krylov. Il y avait bien des mystères à élucider en ce qui le concernait. En ce qui nous concernait. Je voyais qu’il avait voulu détendre l’atmosphère avec ses derniers mots et je me laissai facilement entrer dans son jeu. « Ça marche. La prochaine fois, on ira moins fort sur la boisson… » Mon sourire disparu presque. Je venais de sortir des paroles particulièrement ambiguës. Elles laissaient entendre que je comptais remettre ça. Cela me paraissait bien précipité d’un coup. Surtout que je n’étais même pas certaine de rester à ma place, même en diminuant - ou en supprimant - l’alcool. J’étais de nouveau gênée mais je ne le fis voir qu’une seconde avant de me reprendre. Je m’avançai alors vers Mstislav - qui était tout de même à plusieurs mètres de moi, ce qui était particulièrement ridicule, de plus, je n’avais plus réellement d’intérêt pour le cadavre - avec un nouveau sourire sur les lèvres. « Allez, n’en parlons plus. » Dis-je parmi les claquements de mes talons sur les dalle de marbres, tentant de mettre un terme à cette gênante discussion. « Je ne sais pas ce que je ressens pour toi Mstislav, mais saches que tu es la seule personne qui a de l'importance à mes yeux. » Avouai-je en posant ma main droite sur son bras gauche. N’y voyez là rien d’étrange ; un contact bref et on se sent tout de suite plus rassuré. J’ai toujours eu du mal avec mes sentiments. Je laissais ensuite mon bras tomber le long de mon corps, et me raclait doucement la gorge, ne sachant quoi ajouter. J’avais même baissé les yeux.
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Mstislav V. Krylov
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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeVen 28 Mai - 23:39

    - Je suis vraiment désolée que tu l’ai pris de cette façon. Je ne t’ai pas évité. Je ne savais simplement plus quels sujets aborder avec toi. Et j’avais aussi besoin de réfléchir un peu.

    Elle a parlé rapidement, sans s'arrêter. Elle soupire ensuite, comme si elle ne sait pas quoi dire d'autre. Moi même je ne sais quoi lui répondre, tout est dit. Je n'ai pas vraiment besoin de m'étendre plus sur la raison de son ignorance à mon égard, tout ce qu'il me fallait, c'était les mots qui sont sortis de sa bouche pour affirmer ce que je sais déjà. Lorsque je sortis ma petite blague ironique à propos d'un seuil d'alcool dans le sang à ne plus dépasser, elle sourit, un peu surprise que je lui sorte ça maintenant, puis elle rigole franchement, avec son rire discret qui me fait moi même sourire. Elle s'arrête enfin de rire après quelques secondes. Son sourire reste là, tandis qu'elle me regarde avec une intensité particulière. Tout du moins en ai-je l'impression.

    - Ça marche. La prochaine fois, on ira moins fort sur la boisson…

    Son sourire s'éteint presque alors que quelque part dans mon cerveau se met en marche une réflexion acharnée sur ce qu'elle vient de dire. Le sens de ces mots, qui pourrait être si anodin d'habitude, ne l'est pas aujourd'hui. Pas ici, pas maintenant. C'est presque une invitation désinvolte à remettre ça, sans l'aide de la vodka, et de terminer ce que l'on a commencés. Je passe outre ça et je garde un sourire bien large. En même temps, je peux me dire aussi qu'elle n'a pas fait exprès de dire ça et oublier ces quelques mots dans les tréfonds de mon esprit, mais je crois en avoir décidé autrement, comme si... Comme si ça ne me déplait pas de penser qu'un jour, nous pourrons le faire. Sans un mot, Elvira s'approche de moi, ses talons claquants sur les dalles de marbres de la salle. Son sourire réapparait, comme par magie.

    - Allez, n’en parlons plus. Je ne sais pas ce que je ressens pour toi Mstislav, mais saches que tu es la seule personne qui a de l'importance à mes yeux.

    Woh. Je crois savoir, même avec ma maigre expérience de l'amitié entre des personnes, que lorsque l'on entend cette phrase, on peut qualifier ces quelques mots de très gentils, ce qui montre donc que nous sommes très amis. J'ai bien envie de penser qu'effectivement, ce que vient de dire Elvira est particulièrement attentionné, que ça me touche profondément car pour moi aussi, elle est l'une des rares personnes, si ce n'est la seule personne en ce moment bien triste, qui ai de l'importance à mes yeux. Mais voilà. J'ai bien entendu, elle a dit qu'elle ne sait pas ce qu'elle ressent pour moi actuellement. En fait, je vais éviter d'y penser maintenant et garder cette future grande discussion avec moi même pour une autre occasion, où je serais seul bien entendu. Parce que je doute que ça la mette à l'aise de me voir les yeux dans le vague pendant dix minutes, entrain de me parler à moi même alors qu'elle se demande si je devient fou ou si je fais une crise d'hypothermie ou quelque chose du genre. Surtout qu'en disant cela, elle pose sa main sur mon épaule droite. C'est un geste affectueux pour la plupart des autres êtres humains de cette planète, mais j'ai rarement vu Elvira faire ce genre de geste à l'encontre de quelqu'un. Elle est comme moi, pas vraiment tactile. Elle laisse retomber son bras puis elle se racle la gorge avant de baisser les yeux. Je lui relève le menton doucement et plante mon regard dans le sien.

    - Sache aussi que tu comptes beaucoup pour moi.

    Je dis ça d'une voix suave, chaude, presque trop rauque à force de ne l'avoir jamais dit. Et c'est là que, inconsciemment, puisque comme je l'ai dit, je suis rarement quelqu'un de tactile, qui aime prendre dans ses bras ses amis, si encore j'en avais à la pelle. Et donc c'est là que je la prend dans mes bras, assez fébrilement puisque je n'en ai pas l'habitude. Je la serre doucement contre mon torse, au cas où elle n'ai pas envie d'avoir ce contact avec moi. J'évite de penser à ce qu'elle a dit tout à l'heure, à ce que j'ai pu penser aussi tout à l'heure. Je me dis que c'est juste un geste tendre d'affection entre amis, ce qui ne m'est jamais arrivé avant, comme beaucoup d'autres choses depuis que je l'ai connue. Je suis sûr que ça me rend moins dur avec les autres maintenant. Comme quoi avoir des amis ça rend plus doux les autres, ce qui dans mon cas est une mauvaise chose puisqu'il est de mon devoir de conserver ma violence légendaire.

    J'attends quelques secondes avant de lâcher prise et de me redonner contenance en lissant la veste de mon costume et raclant à mon tour ma gorge. Je tends ma main pour lui montrer le corps qu'elle est venue examinée.

    - Euh... Tu as finis ? Parce que si ça te dis on aller...

    J'allais presque dire, boire un verre, mais il est cinq heures de l'après-midi et il serait fort peu recommandable pour nous de se remettre dans la même situation que la dernière fois.

    - Faire un truc ? ...

    J'attends qu'elle réponde puis je me dirige vers la porte. Je n'ai plus rien à faire ici, et je pense qu'elle non plus.
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Elvira M. Dezrodnov

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MessageSujet: Re: « Entrevue fortuite »   « Entrevue fortuite » Icon_minitimeMar 1 Juin - 17:35


Je n’avais pas réellement réfléchi avant de parler. Comme quoi, l’alcool n’était pas forcément responsable du comportement complet d’une personne. En tout cas, il ne l’était pas en ce qui me concernait. Par contre, j’aimais à mettre la faute sur la boisson, ne trouvant d’autres excuses valables. Chose qui est donc toujours bien utile finalement. Pour la première fois depuis ma naissance, j’avais avoué à quelqu’un que je l’appréciais. Évidemment, il le savait déjà ; nous étions amis désormais. Mais jamais il ne m’avait paru nécessaire de le préciser haut et fort. Et en cet instant alors qu’il était trop tard pour reculer, j’eus l’horrible impression d’avoir dit quelque chose qui aurait dû rester dans le silence, même si chacun de nous savais qu’il s’agissait de la vérité. De plus, j’étais loin d’attendre une réponse de sa part. Depuis un moment, je connaissais Mstislav et tout comme moi, il n’était nullement du genre à afficher ses sentiments. Comme moi, il était incapable de déterminer la signification de ses sensations. Évidemment, il n’était pas froid comme le marbre, comme il aimait à le faire croire pour garder son image de gros dur, mais ce qu’il ressentait était bien trop mystérieux pour lui. Et je pouvais aisément le comprendre, étant chaque jour dans la même situation. Je lui avais donc avoué tenir à lui sans pouvoir préciser ce qu’il en retournait avec exactitude. C’était comme pour cet autre soir, il m’était impossible de dire ce que j’avais bien pu ressentir en cet instant. Le connaissant donc, je fus surprise d’une telle réponse. « Sache aussi que tu comptes beaucoup pour moi. » Je ne su que répondre et s’il n’avait pas été là pour redresser mon visage, je l’aurai sans doute fait par surprise.

Je me mis alors à fixer ses yeux avec intensité pour y déceler le mensonge ou la tromperie mais ne vis rien de cela. Mes sourcils légèrement froncés pourraient facilement dénoncer mon profond questionnement mais je ne voulais pas que Mstislav pense que je manquais de confiance en lui. C’était parfaitement faux. Simplement, un petit mensonge par-ci par-là était arrivé à tout le monde un jour au l’autre. Il fallait accélérer les choses, ; j’avais sentis qu’il avait lui aussi pensé à un double sens pour ma précédente réplique. Celle qui m’avait fait perdre tout sourire alors qu’il avait accentué le sien. Que devais-je comprendre à cela ? Qu’il ne serait pas gêné de reprendre là où nous nous en sommes arrêté la dernière fois ? Mes yeux lâchèrent les siens et je repris possession de mon visage dans le plus grand calme. Après quoi, j’aspirai l’air frais à plein poumons. J’étais calmée. Rassurée. Libérée d’un sacré poids. Le poids des explications. Quand soudainement, je remarquai que Mstislav s’était rapproché de moi puis sentis une légère et hésitante pression. Était-il vraiment en train de me prendre dans ses bras ? Sur le coup, je restai de marbre, fixe comme s’il était en train d’étreindre un corps glacé et sans vie. Puis, me laissant aller, je posai mes mains sur son dos et appuyais doucement ma tête sur son torse. Cet instant sembla durer une éternité, comme une seconde. Il fut comme une sorte de libération. On avait enfin réglé ça.

Lorsque Mstislav relâcha prise, j’arborai un petit sourire satisfait sur les lèvres, contente de voir notre petit soucis s’éclaircir enfin. Pour en revenir au corps glacé et sans vie, il me montra le corps que j’étais censée examiner à l’instant même. Je regardais tout d’abord sans comprendre. « Euh... Tu as finis ? Parce que si ça te dis on aller... » C’était donc cela. J’espérai qu’il ne me proposerait pas d’aller boire un verre. Cela me semblait un peu prématuré. Nos explications avaient été loin d’être claires et il fallait éviter les bars tous les deux durant un certain temps. En fait, j’avais réellement envie d’un verre. Intense réflexion. Deux parties de moi étaient en éternel combat depuis la petite histoire. Celle qui voulait absolument se lancer dans le truc, faire les pires folies. Et l’autre qui ne souhaitait pas perdre un ami. Car on sait tous ce qu’il se produit lorsque on se rapproche un peu trop d’un bon ami. On s’amuse plus qu’avec n’importe qui, connaissant l’autre presque par cœur, avant de se rendre compte qu’il n’y a finalement plus grand-chose à découvrir. Et puis, on se sépare. Cette séparation brise à la fois un couple et une amitié, et ce n’est pas ce que je souhaite. La partie de moi désirant se jeter sur Mstislav serait absente ce soir. « Faire un truc ? ... » J’esquissai un sourire. « Avec plaisir. Cette ambiance morbide m’a donné froid. J'irai bien prendre un café. » La Vodka, ça réchauffe aussi. J’aurai aimé donner une claque à ma seconde personnalité qui venait de me souffler cette phrase mais je me contentai de sourire à Mstislav avant de le suivre vers la porte de sortie.

Alors que nous allions franchir cette dernière, le médecin légiste fit son apparition et manqua de me bousculer. Il semblait s’être pressé de venir jusqu’ici. En baissant les yeux dans la direction de ses mains, je compris plus facilement le problème. Il venait m’apporter le rapport d’autopsie que je lui avait demandé il y a dix minutes de cela. Je toussotai, plutôt gênée d’avoir complètement zappé ce petit détail. En fait, j’avais même oublié que j’étais un agent du FSB en pleine enquête. « Vous allez quelque part ? » Il avait une voix bien trop aiguë pour un homme. Il était même flippant. Je me raclai la gorge, prête à préparer un mensonge improvisé. « En effet, oui. Un appel urgent, je dois me rendre sur une scène de crime. Mais donnez moi donc ce dossier, je promets d’y jeter un coup d’œil. » Je le pris avant de le doubler sans lui adresser de parole supplémentaire. Je glissais le dossier dans mon sac tout en pressant le pas ; lorsque je le retrouverai plus tard, je pari ne même plus me souvenir la raison de sa présence dans mes affaires. Nous atteignirent bientôt le hall de la morgue, où se trouvait une machine à café. Là, l’ambiance du travail se faisait un peu plus ressentir. Je payai assez pour deux et tendis son café à Mstislav. « Tu aurais peut-être préféré de la Vodka mais… voilà de quoi me faire pardonner de t’avoir ‘ignoré’. » J’avais un large sourire sur les lèvres. Le verbe ‘ignorer’ n‘était pas convenable étant donné que ce n’était pas exactement ce qu‘il s‘était passé, mais je savais qu‘il comprendrait. « Du nouveau avec Russian Roulette ? » Question en rapport avec le boulot. Comme précédemment, rien de mieux pour détourner la situation, même si elle était moins gênante qu’il y a quelques minutes. Attendant sa réponse, je touillais machinalement mon café avant d’en avaler une gorgée brûlante.
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